"Jamison tu ne vois pas que tu gênes avec ton cul énorme!" Les méchancetés que les petits de cinq ans, n'était rien de comparable à ceux d'un adolescent. Chaque jour je devais entendre nombre de moqueries avec mon poids, ainsi que sur ma tendance à rester avec les "geeks" du club d'échec. Depuis que ma mère était partie de la maison, je ne parvenais pas à remonter la pente. Malgré le soutien inconditionnel de ma famille, surtout celui de mon frère jumeau. Mon double en meilleur, il était le seul à comprendre ce que je pouvais ressentir. Cette connexion cosmique ou peut importe le nom donné, nous étions reliés plus que par le sang. Se relever d'une dépression était une chose bien plus difficile que l'on peut croire. C'était un cercle vicieux la fin n'était qu'un mot obsolète dans cet état d'esprit. Une fois que vous êtes au fond peu de personnes vous tendent la main, ils prennent juste un malin plaisir à vous faire comprendre que vous n'êtes rien dans ce monde.
"Tu as perdu ta langue? J'oubliais les geeks n'arrivent pas à parler." La jeune femme lâcha un rire perfide ces amies la suivirent rapidement, c'était une de ces filles belles et populaires. Qui passaient leur temps à faire souffrir les filles comme moi. Je ne pu que baisser la tête, examiner mes pieds qui d'un coup étaient devenus bien plus intéressant que le quater back du lycée. Sans un mot je me dirigeais vers mon casier, la tête toujours baissée. C'était la terrible loi du lycée : soit tu es en haut soit tu ne l'es pas. Je commençais à composer le numéro de mon casier, lorsqu'une masse s'adossa au casier voisin. Je ne daignai même pas adresser un regard vers la personne.
"J'ai entendu ce que Jill t'a dit." J'ouvris la porte de mon casier d'un coup sec, refoulant les larmes qui commençaient à rompre la barrière de mes cils. Pourtant ce n'était pas la première fois que je me laissais "insulter", j'essayais d'endosser la moquerie sans rien dire. Mais parfois le poids devenait bien trop important, prendre sur soi n'était plus une solution.
"Tu veux en parler?" "Parler de quoi Rowan? Je suis mal dans ma peau et une fille sans vie sociale. On me juge, on me regarde de travers chaque fois que je me lève. Je fais comme si de rien mais au fond, je suis blessée je ne vis pas! Ce n'est pas une vie tout ça!" _________________
"Pippa un patient pour toi!" Un léger soupir vint traverser mes lèvres, j'ignorais combien de temps j'allais tenir comme ça. Je me demandais bien pourquoi j'avais demandé choisi la médecine, chanceuse comme je l'étais j'avais accepté sans le vouloir une garde de nuit. Terrible erreur de ma part, les nuits à l'hôpital étaient d'un ennui surtout quand le chef te colle aux urgences. Je me mis debout avec une certaine paresse qui s'était installée dans mes membres. L'interne me donna le dossier encore une bagarre, c'était bien ma veine encore des hommes avec une énorme quantité d'alcool dans le sang. Je tirai le rideau du box découvrant sans surprise un homme. Cependant il semblait plutôt calme moins agité que l'autre patient à côté.
"Bonsoir je suis le docteur Jamison." Docteur un bien grand mot alors que je n'étais qu'une simple interne pour l'instant. Je devais juste jouer le jeu, dire à un patient qu'on est une simple stagiaire n'était pas si bien vu que cela. Le patient se contenta juste de hocher la tête.
"Que puis-je faire pour vous?" Il montra tout simplement sa main droite enveloppée maladroitement dans un torchon. A ce que je vois il n'était pas très bavard ça me changera des alcoolos habituels de cette nuit. Je tirai le chariot vers moi et commença à examiner la plaie sans gravité.
"Il vous faudra juste quelque points de suture." "Bien." Sa voix était d'une extrême sérénité, je doutais presque qu'il soit un humain, malgré le sang qui se coulait de sa blessure. Je commençais à désinfecter, le petit mouvement de sa main, brisa mon hypothèse.
"Vous êtes de passage?" J'avais tendance à me montrer curieuse, et les patients ne faisaient guère attention à ce que je faisais.
"On peut dire ça comme ça." C'était surement un moyen subtil pour me dire que je devais juste faire mon travail et me taire.
"Je vous jure que je vais tuer cet homme." J'ignorais ce que mon patient avait bien pu faire pour mettre dans un tel état monsieur Jenkins. Malgré sa voix abimée par l'alcool je l'avais reconnu.
"Ne faites pas attention à monsieur Jenkins, il tient très mal l'alcool. D'habitude il est moins..." "Con." Je souris.
"Je n'aurais pas employé ce terme mais oui il peut être un vrai con. Voilà." Il examina sa main avant de se lever et prendre au vol sa veste.
"Merci." Je hochais simplement la tête avant de commencer à ranger les affaires posées sur le lit.
il y a un an_________________
"Tu m'a foutu une de ses trouille espèce de crétin !" Voila déjà que je délivrai un coup de poing sur l'épaule de Lysandre. Il se contenta juste de sourire devant ma force d'hamster. Je le connaissais depuis six mois déjà, Lysandre est une énigme pour moi. Il parle très peu de son passé, de la vraie raison de son soit disant passage dans la ville. Qui durait depuis six longs mois, je n'ai jamais vu personne rester dans une ville aussi longtemps. Cependant je ne cherchais pas d'explication il était encore bien trop tôt pour dire que Lysandre est mon meilleur ami. Nous étions simplement de bons amis, qui prennent de temps en temps le café ensemble, tous ces trucs que les amis font généralement. Je pouvais qualifier notre relation d’amical enfin je crois.
"Pourquoi tu m'as donné rendez-vous ici?" Je pointai les alentours qui dégageaient guère un sentiment de tranquillité. Les rues étaient mal éclairées quelques personnes louches trainaient dans le coin. A chaque bruit que je ne parvenais pas à distinguer d'instinct je me cramponnais à la manche de mon sac. Soyons franc j'avais peu de chance de m'en sortir avec une défense pareille.
"Pour ça." Mes yeux se posèrent sur une bâtisse, aux murs délabrés, à l'abandon voire même en ruine. Tout ceci pour un local au bord de l'effondrement !
"Oui et? Ne me dis pas que j'ai attendu dans cette rue mal éclairée pour voir une ruine." Un rire fila entre ses lèvres. Il prit ma main pour que nous traversions la route, ainsi pour se retrouver sur le trottoir qui était jumelé à l'immeuble.
"C'est ce que tu vois Pippa. Moi je vois mon rêve. "Dans une ruine, excuse-moi mais c'est ce que je vois." Lysandre fourra d'un geste vif ses mains dans les poches de son jean, regardant cette bicoque avec une lueur dans les yeux.
"Avec de la peinture et quelques travaux je pourrais ouvrir mon entreprise. Ainsi je pourrais vivre mon rêve et tu en fais partie. Je le regardai un peu perplexe par ces propos, comment pouvais-je faire partie de son rêve? Je n'étais pas si importante que cela pour lui.
il y a six moix_________________
Je posais le "dernier" carton sur le sol pendant deux mois entier Lysandre avait retapé cette ruine. Je venais de temps en temps l'aider quand je le pouvais, avec mon année de médecine ce n'était pas toujours facile. Or le résultat était là, comme si les coups de pinceaux avaient donné vie à nouveau à ce vieux taudis. Il avait réussi. Ces deux mois près de lui, à le soutenir m'avait rapproché de lui. Encore plus que les six derniers mois, il y avait encore quelques zones d'ombre sur son passé. Ce n'était pas si dramatique. Je lui cachais moi-même mon passé de jeune adolescente obèse et geek. Pourtant je devais être fière de cette partie de ma vie, je ne serais pas la femme que je suis aujourd'hui. Pourtant je continuais à omettre la vérité sur une chose bien ridicule.
"Lysandre j'espère que c'était vraiment le dernier!" Un rire grave ricocha sur chaque mur de la pièce.
"Tu as peur de te casser un ongle?" Je levai d'un geste désinvolte mon majeur dans sa direction, le gratifiant de mon plus sourire.
"Non. Juste tu vois ces mains? Ils seront plus tard des mains de chirurgienne! Elles pèseront leur pesant d'or." Un sourire en coin se dessina sur ses lèvres.
"Je croyais que la chirurgie ne t'intéressais pas?" "Je suis une femme et je change d'avis quand je veux." Lysandre se contenta d prendre un carton pour le poser dans une autre pièce. Je me laissais tomber sur un carton, fixant les alentours. Repensant à ces huit derniers mois. Mes yeux se posèrent sur une photo, je fronçai les sourcils tout en me penchant vers la photo. C'était Lysandre avec une jeune femme, ils semblaient être en couple et heureux. Je retournai la photographie rien de marqué au dos.
"Où as-tu trouvé ça?" Je levai les yeux rapidement vers Lysandre qui ne se trouvait qu'à quelques centimètres de moi. Il était en colère.
"C'est qui?" Il croisa les bras en me toisant du regard, comme si je venais de me commettre l'irréparable. J'avoue que je ne comprenais pas sa réaction pour si peu. Surtout pour une photo.
"Je t'ai posé une question!" "Je peux savoir pourquoi tu te mets dans un état pareil?" Bien évidemment il ne me répondit pas, il prit la photo la glissant dans la poche arrière de son jean. Je levai les yeux au ciel avant de prendre mes affaires.
"Tu sais où me trouver." il y a huit mois_________________
"Tu m'évites?" Lysandre était posté devant moi les mains posées sur son bassin. J'avais le regard fuyant, peur qu'il découvre ce que je pouvais penser. Surtout j'avais peur qu'il déccouvre que j'étais amoureuse de lui, enfin je crois. Je n'ai aimé qu'une personne dans ma vie. Mais avec Lysandre c'était différent, il me rendait folle puis la minute d'après je pouvais croire que j'étais importante pour lui. Je le détestais pour ça, je n'étais pas du genre à m'attacher aux hommes. Cependant Lysandre était l'exception faite de cette règle.
"Qu'est-ce qui te fait dire ça?" Il haussa les épaules.
"Je ne sais pas. Peut être le simple fait que tu cumules les soirées de garde à l'hôpital. Que tu filtres mes appels depuis deux semaines. Sinon je ne vois pas pourquoi je dirais ça." Il marquait un point j'avais toujours eu l'art et la manière d'éviter les gens quand rien allait. Je préférais la fuite au lieu d'affronter mes sentiments. D'ailleurs Rowan me le reproche souvent.
"Tu es bien sur? Je n'avais pas l'air de te manquer hier soir. Tu avais l'air très occupé avec cette rousse." Oui je t'ai vu avec cette jeune femme dans le bar. Jalouse? Peut être mais c'est bien une chose que je n'avouerai pas.
"Tu es jalouse?" Je déglutis difficilement je me sentais prise au piège. Mes doigts filèrent à travers ma chevelure blonde, nerveuse et dépourvu de moyen de défense.
"C'est fou le nombre de connerie que tu peux sortir en une secondes. Je préfère m'en aller au lieu d'entendre tes conneries." "Attends, reste!" Il me retenait par le bras, le permettant ainsi de me rapprocher de lui. Je savais ce qui se tramait. C’était tellement prévisible. Je n’avais envie j’ignore si pour lui c’était la même chose. Mon cœur se mit à battre à la chamade, j’avais l’impression que mon cœur était comme des centaines de chevaux qui couraient dans un pré. Sa main caressa ma joue. Je perdais peu à peu pied devant son regard qui redessinait les courbes de mon corps. Je n’avais qu’un geste à faire cependant la peur noué mon estomac, la raison plaça ses barrières. Lysandre effaça les misérables millimètres qui me séparaient de lui. Ses lèvres effleurèrent les miennes.
"Je ne peux pas, je suis désolée." Je n’osais pas le regarder ma seule option fut la fuite devant ses sentiments qui pendaient au nez.
il y a deux semaines