Moi c'est Silvia et je suis sur terre depuis 15 ans. J'habite en Suisse dans la région de heu... suisse romande (a). Je serai présente 5/7 jours. J'ai trouvé le forum via Bazzart et je dois dire qu'il est ouaouuuh. Je voudrais également dire .

PART 1 ;

« Vous êtes enceinte, madame. De jumeaux. » Teresa Baldwin manqua de tomber dans les pommes. Comment ça, enceinte? C'était tout bonnement impossible. Ces nausées devaient être une intoxication, rien de plus. Elle ne pouvait pas être enceinte. pas à quarante ans. Et puis, des jumeaux... Elle fixait le vide, sous le choc. « ... Vous vous sentez bien, madame? » Elle ne répondit pas, se contentant de faire un geste vague de la main. Non, elle n'était pas bien. Comment allait-elle l'annoncer, au... père? Ils n'étaient pas prêts. Elle ne voulait pas d'enfants. Ce qu'elle désirait, c'était tout simplement vivre une vie tranquille et sans soucis, pas s'occuper de deux gamins qu'elle ne voulait pas. Elle se leva brusquement, murmura un "je dois y aller", attrapa son sac et s'en alla, affrontant la pluie battante et se préparant au pire. Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de trouver la situation quelque peu ironique. La première grossesse d'une femme ne devait-elle pas être un évènement heureux? Elle y réfléchit quelques instants. Puis renonça. Elle n'était pas heureuse d'être enceinte. Pas du tout.

PART 2 ;

« Lysandre ! Edward ! Taisez-vous un peu, je suis au téléphone ! » Lysandre regarda son frère jumeau d'un air malicieux, pouffant derrière sa petite main, puis prit Edward par la main et l'entraîna vers la cuisine, prête à mettre du désordre dans la grande maison familiale. Les deux rouquins avait six ans. Toujours prêts à faire des bêtises -surtout Lysandre-, ils menaient la vie dure à leur pauvre mère, qui n'en pouvait plus. Elle devait avouer avoir des moments de tendresse en regardant ses deux splendides enfants ; elle ne pouvait cependant s'empêcher d'avoir souvent envie de les étrangler, car elles les trouvait tout simplement agaçants et extrêmement fatigants. Un bruit de clé retentit dans la maison, puis des pas dans l'entrée. « Papa ! Papa ! » Les jumeaux coururent vers leur père, abandonnant leur expédition du désordre, à grand renfort de cris et de sauts de joie. C'en était trop pour leur mère. « LYSANDRE, EDWARD ! ÇA SUFFIT, J'AI DIT ! FILEZ DANS VOTRE CHAMBRE, IMMÉDITATEMENT ! » L'air menaçant de leur génitrice les fit taire, et leur ôta l'envie de rire. Toujours la réplique à la bouche, Lys ne put s'empêcher de répondre. « T'es trop méchante. On disait juste... » Sa voit s'éteignit, devant le regard de feu de Teresa. La petite croisa le regard de son frère, puis ils montèrent dans leur chambre, tristes. Lys jeta un coup d'oeil derrière son épaule. Leur père la regardait, l'air désolé. Elle lui sourit doucement. Son papa avait toujours été le plus gentil.

PART 3 ;

« Vous verrez les enfants, les États-Unis, c'est super. Et puis, vos cousins ont très très envie de vous connaître. » Lysandre soupira. Le Michigan, ça n'avait rien d'attirant. Rien que le nom était ringard. Elle voulait passer ses vacances d'été comme elle le faisait tous les ans, à regarder les gouttes de pluie tomber sur sa fenêtre, à sauter dans les flaques d'eau en portant son imperméable jaune canari et à boire du thé toutes les heures et faire pipi tous les quart d'heures, plutôt que d'aller au Michigan voir des cousins qu'elle ne connaissait pas. Edward, lui, semblait plus enthousiaste : lorsqu'elle s'était plainte du fait qu'elle ne voulait pas partir, il avait semblé vexé. « J'ai envie de les connaître, moi, les cousins. Ça fait neuf ans qu'on existe, faudrait bien qu'on les connaisse un jour... » Alors, Lys s'était résignée. Elle ne pouvait pas rester à Londres, de toute manière. Pas sans son frère. Leur père ne les accompagna pas, cependant. Seulement leur mère. Et c'est ainsi qu'ils s'étaient embarqués dans l'avion, pour la première fois de leur vie. Leurs cousins furent gentils, finalement. Leur mère, dans son élément, était plus détendue, et, savourant ces instants calmes, elle apprécia pour la première fois la compagnie de ses propres enfants. Tous passèrent probablement les meilleures vacances de leurs vies. Et un rapport sain entre Teresa et ses enfants s'installa, enfin.

PART 4 ;

Au fil des ans, la personnalité de la rouquine s'affirma ; elle devint un vrai garçon manqué. Les deux jumeaux allèrent dans des écoles privées. Où les uniformes étaient de rigueur. Dès le premier jour, Lysandre détesta ces horribles jupes, enviant secrètement les garçons et leurs pantalons qu'elle trouvait élégants. Après quelques semaines seulement, elle devint une leadeuse, crainte et respectée. Et ce, dès qu'elle colla son poing droit dans le nez de Harry Anderson, un crétin qui lui avait volé son délicieux goûter. En grandissant, elle garda cette position de petit chef, et ce jusqu'au lycée. Toujours avec des tas d'amis, toujours à rigoler, à se battre comme une gamine, à faire des conneries -avec ou sans Edward. Elle restait toujours le garçon manqué.

PART 5 ;

« Tu vas où? » « Au boulot. » « Ouais, ben... lequel, de boulot? » « Au garage, comme tous les après-midis sauf le dimanche, idiot ! » « Oh c'est bon... Tu changes tout le temps, c'est pas de ma faute. » Lysandre sourit, et lui claqua un bisou sur la joue. « Bonne journée, frérot ! » Tous les mois, voire toutes les semaines, c'était comme ça. Dès ses dix-huit ans. Sauf que ce fameux boulot changeait à chaque fois : mécanicienne, promeneuse de chiens, baby-sitter ou nettoyeuse de piscines, elle avait touché à tout. Sauf les trucs artistiques. Vue son indélicatesse légendaire, mieux valait qu'elle ne touche pas à un pinceau. Les matins, elle allait à l'université. Son rêve, c'était d'être professeur des écoles. En histoire, possiblement. Elle n'était pas surdouée comme son frère, bien entendu, mais elle voulait réussir. À tout prix. Quant aux vacances chez les cousins, à la place des deux petites semaines, elles passèrent au fil des ans aux vacances d'été entières, puis à Noël et Pâques, et même les week-ends.

PART 6 ;

Et puis, Edward est devenu mannequin et Lysandre, rien du tout. Son diplôme en poche, elle ne postula jamais pour être professeur. Par lâcheté, par crainte de perdre sa liberté et se coincer dans un travail pour le restant de sa vie, ou simplement par manque de courage pour la première fois de sa vie, elle n'en savait rien. Elle continua donc ses boulots toujours différents, les changeant cependant moins fréquemment. Elle n'avait plus goût pour ça. Jusqu'à ce que, il y a huit mois, elle n'en put plus. « Edward, j'me casse. J'en ai marre d'ici. J'pars vivre chez les cousins, à Folly Beach. Ils déménagent. Carrian m'a proposé de venir. » « J'vais préparer mes valises. » Il avait compris tout de suite. Ils laissèrent Londres quelques jours plus tard. Avec difficulté, mais sans regrets. Folly Beach, c'était parfait. Elle trouva une place dans une boulangerie. C'était mieux que rien. Beaucoup mieux.