« Pourquoi ne me dis-tu pas simplement que maman est partie vivre loin de nous avec un homme riche de dix ans son ainé ? » Sur ces belles paroles mon père resta figé quelques secondes, les yeux grands ouvert comme s’il venait de voir passer Jennifer Aniston - son idole – en monokini.
« Ne me prends pas pour une imbécile, je ne suis plus une petite fille, et tes excuses du genre maman a besoin de prendre de recul sont totalement bidons ! » Ce coup-ci j’ai cru que ses yeux allaient sortir de ses orbites. J’ai dix-sept ans, je ne suis pas stupide, j’ai bien vu comment ma mère dévorait du regard le nouveau voisin, il n’a fallut que deux mois pour qu’elle en tombe éperdument amoureuse et en oublie son fabuleux mari – parce que sans me vanter mon père n’est pas si mal pour son âge – ainsi que moi par la même occasion. Elle m'a complètement supprimée de sa vie, elle a emmenée ma sœur avec elle et a choisit de me laisser ici.
« Ta…ta mère t’aime tu sais… » Finit-il par articuler faiblement depuis son canapé en cuir beige. Ça c’est le bouquet ! Vous savez ce qu’a fait ma mère avant de s’enfuir avec son amant ? Rien. Rien du tout. Elle ne m’a même pas laissé un mot, elle m’a envoyé un message trois jours plus tard disant qu’on se reverrait pour les prochaines vacances scolaires. Elle se fou de qui ? J’ai toujours su que ma mère était légèrement cinglée sur les bords, mais là, on touche le fond !
« Si tu le dis... » répondis-je calmement tout en croisant les bras sur ma poitrine avant de reprendre :
« en tout cas ne t'inquiète pas pour moi, tout ira bien, si tu as besoin de moi je suis au premier. » Je ponctuai ces derniers mots en sortant de la pièce. Comment est-ce que j'allais m'en sortir sans elles, sans ma mère et ma soeur ?
un an plus tard
« Jaimie, va ouvrir ! » cria mon père depuis la salle de bain après que la sonnette ait retentit. Nonchalamment, je quittai mes livres sur la photographie et allai ouvrir la porte. Je restai un instant inerte, un grand jeune homme, musclé, et bronzé en pantalon délavé me faisait face. Il me dévisagea avec une insistance qui en aurait fait rougir plus d’une – je me sentis soudain mal à l’aise avec mon short en jean et mon léger débardeur blanc – avant de prendre la parole :
« C’est donc toi Jaimie… Les rumeurs disaient vraies tu es plutôt pas mal, quoique… je préfère les brunes. » Je cru que j’allais virer rouge pivoine et non pas parce que j’étais flattée, mais plutôt hors de moi. Prenant conscience que l’inconnu qui me faisait face n’était autre que mon « nouveau » frère, le « nouveau » membre de la famille qui allait s’approprier ma maison, je voulu lui claquer la porte au nez mais Ayden anticipa mon geste en intercalant son pied.
« Je ne te pensais pas si farouche ! Alors comma ça, tu ne veux pas me faire faire le tour du propriétaire si j’ai bien compris ? » Je levai les yeux au ciel et pris sur moi. C’était ma première rencontre avec lui et il me tapait déjà sur le système, je dois bien avouer que les rumeurs qui courent sur lui à Jacksonville ont joués en sa défaveur.
« Cynique et insolant, tout à fait comme je t’imaginais. » répondis-je avant de le laisser planter devant la porte. Son tour du propriétaire, il allait le faire en solo !
« I got pocket, Got a pocket full of sunshine, I got a love that knows that it's all mine, oh oh... » « Je ne fais que passer ! » cria Ayden, me coupant en plein couplet. Soudain je pris conscience de la situation dans laquelle j’étais… j’étais toute nue sous le douche, caché par un vieux rideau quasi transparent ! Sans tarder, je poussai un cri strident et vociférai :
« PUTAIN AYDEN, SORS D’ICI, BARRE TOI ! » Je l’entendis souffler longuement et vis sa silhouette se rapprocher du rideau.
« Non mais sérieux, tu joues à quoi là ? On ne t’a jamais appris le concept de l’intimité ! » « Oh ne t’en fais pas, l’intimité je connais très bien… » Répondit-il du tac au tac, sur un ton qui se voulait sensuel. Rageuse, j’ouvris le rideau juste assez pour laisser passer ma tête tout en cachant à la fois mon corps.
« Alors va voir ailleurs si j’y suis ! » hurlais-je tout en ignorant le double sens de sa réponse. Je vis alors un sourire en coin se dessiner sur son visage d’ange, d’une façon sensuelle il se rapprocha de moi, jusqu’à ce que nos visages ne soient plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre. Heureusement, il ne me fallut que quelques secondes pour me reprendre et le repousser brusquement d’une main.
« Très bien j’ai compris je m’en vais… », sur ces quelques mots il se dirigea vers la sortie et avant de refermer la porte derrière lui, me demanda ;
« à quand une douche purement amicale entre frère et sœur ? » hors de moi, j’attrapai un essuie et le lui jeta à la figure, malheureusement il referma la porte avant que mon projectile ne l’ait atteint.
« Résidence Greenberg. » dis-je sur un ton lasse après avoir déroché le téléphone.
« Jaimie, Jaimie c’est bien toi ? » hurla pratiquement la femme à l’autre bout du fil.
« C’est elle en personne, à qui ai-je l’honneur ? » je n’étais pas d’humeur à jouer aux devinettes.
« Elle est bien bonne celle-là, mais voyons c’est moi ! » Incrédule, je répondis :
« D’accord c’est vous… » La voix au bout du fil changea soudain ;
« Ne me dis pas que… mais enfin c’est moi, c’est maman… » Je restai figée sur place à l’entente de ces quelques mots. Que me voulait-elle ? Pourquoi téléphone-t-elle ?
« Comment vas-tu mon cœur ? Tu ne peux pas savoir comme ça me fait plaisir de t’entendre. » « Je vais bien, nous allons bien papa et moi et je ne vois pas pourquoi tu nous téléphone. Je croyais avoir été claire en ne venant pas chez toi pendant les vacances scolaires, mais apparemment pas. Je ne veux plus te revoir ou même te parler tu as choisis de nous abandonner, papa vient à peine de se reconstruire et il n’est pas question que tu viennes encore une fois tout gâcher. Remet mon bonjour à Jalindra et sur ce au revoir ! » Répondis-je froidement avant de raccrocher.
Délicatement je soulevai le pot de fleurs et pris la clé caché en-dessous afin d’ouvrir la porte d’entrée et de refermer soigneusement celle-ci derrière moi. J’entrepris ensuite d’enlever mes hauts-talons tout en évitant de tomber la tête la première contre le parquet et de monter une à une, sans précipitation, les vingt-deux marches qui me séparaient de ma chambre à coucher. Après cinq bonnes minutes, je me retrouvai enfin dans ma chambre, en train d’essayer d’ouvrir la fermeture éclaire de ma robe noire qui semblait de toute évidence coincée, et pas qu’un peu.
« Besoin d’aide ? » résonna une voix derrière-moi. Rapidement, je me retournai pour apercevoir Ayden dans l’encadrement de ma porte avant d’être prise de vertige – ça m’apprendra à tenter des mouvements trop rapides après une bonne cuite.
« Doucement… » Chuchota t’il, avant de me rejoindre et de m’obliger à me mettre dos à lui. Habillement, il descendit la fermeture éclaire de ma robe et fit lentement glisser ses doigts le long de mon dos avant de venir déposer ses lèvres contre mon cou.
« Ayden, arrête… » Soufflais-je tout en essayant de reprendre mes esprits tant bien que mal, mais rien y fit, je me sentis soudainement parcourue de frissons. Evidemment, Ayden ne m’écouta pas, il me souleva telle une « princesse » et m’allongea sur le lit. Tout ce dont je me souviens ensuite fut ses lèvres contre les miennes.
vingt-quatre heures plus tard
« Ou est Jaimie ? Je ne l’ai pas vue depuis hier soir. » Demanda Ayden. Monsieur Greenberg le regarda incrédule, Isobel – sa mère - ne l’avait donc pas mit au courant.
« Elle est partie. Je pensais que tu étais au courant. Folly beach magazine l’a contactée, ils lui ont proposé un poste d’apprentie, il y a de grandes chances pour que par la suite elle soit mutée en tant que photographe. Une amie va l’héberger le temps qu’elle se trouve un logement. » Ayden resta figé à l’entente de cette nouvelle, folly beach magazine n’était pas la seule cause du départ de Jaimie et il était bien placé pour le savoir.