Moi c'est H. et je suis sur terre depuis 18 ans. J'habite en France dans la région de Polynésie française. Je serai présente 6/7 jours. J'ai trouvé le forum via un partenariat et je dois dire qu'il est super. Je voudrais également dire merci de me lire.

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[b]CAM GIGANDET[/b] [color=red]◮[/color]. CHUCK L. JAMES

Alors que je triais le courrier déposé par le facteur, mon regard s’arrêta net sur une enveloppe jaune pâle, particulière. Sur l’enveloppe, une écriture serrée et penchée, et mon nom. Devinant aussitôt qui l’avait écrite, je sentis les battements de mon cœur s’accélérer. Pendant un instant, je me sentis hésiter. Puis je jetai la lettre à la poubelle sans lui accorder le moindre regard. Cette lettre provenait de ma mère. Elle avait essayé à maintes reprises de me revoir, mais je m’y étais toujours refusé. Elle avait trompé mon père, détruit son mariage et sa vie de famille. Elle avait fait un choix, autant en assumer les conséquences. J’étais peut-être un peu manichéen voire injuste, mais je n’avais que douze ans, après tout. J’en voulais affreusement à ma mère.
Je déposai le courrier de mon père sur la table de la salle à manger et remontai vers ma chambre. J’avais encore des tas de cartons à faire. Dès qu’il avait appris l’infidélité de ma mère, mon père avait aussitôt décidé de déménager. Il avait besoin de recommencer une nouvelle vie, et le plus tôt possible. Bien sûr, je partais avec lui. Certes, j’aimais bien Phoenix. J’étais né et j’y avais grandi. J’y avais des amis. Mais suivre mon père n’était pas une option. Je n’avais pas essayé de le dissuader de partir, j’avais partagé sa souffrance. Je ne me sentais pas capable de supporter encore les efforts acharnés de ma mère pour se faire pardonner. Alors depuis quelques jours, j’étais dans mes cartons. Je faisais le plus vite possible.
Quelques jours après, je laissais tout derrière moi : la maison où j’avais grandi, ma ville, mes quelques amis, mon école, mon quartier… J’en eus le cœur serré, mais j’étais résolu à aller de l’avant. J’avais toujours eu une vie facile. Des parents aimants, une famille unie et aisée… Alors là, je découvrais la vraie vie, la douleur qui me rongeait de l’intérieur. Ma vie avait été bouleversée tout d’un coup. Pendant deux ans, mon père et moi avons déménagé de ville en ville. Avant de nous installer à Folly Beach, en Caroline du Sud. J’ai tout de suite aimé cette petite ville. Je me suis vite adapté, et c’est là que j’ai commencé mes années lycée. Des années de folie, les meilleures de ma vie. J’ai même eu le plaisir de voir mon père refaire sa vie, et je m’entendais plutôt bien avec ma belle-mère. Tout allait mieux, désormais.




On était vendredi et je sortais du boulot plus tôt que d’habitude. Depuis trois ans, après mes études, je travaillais pour EA Games en tant que graphiste de jeux vidéos. Un bon moyen pour moi de combiner ma passion pour l’art et celle pour les jeux vidéos. Je trouvais mon métier absolument passionnant, mais la concurrence était rude dans ce domaine et il fallait sans cesse avoir de nouvelles idées. J’aimais mon travail. Mais ce jour-là, j’avais dû partir plus tôt, avec l’autorisation de mon supérieur. Mon père m’avait téléphoné la veille pour me demander d’aller chercher mes petites sœurs parce qu’il était débordé et que ma belle-mère était malade. J’avais aussitôt accepté ; j’étais complètement gaga de mes petites sœurs.
Kayleigh avait huit ans et Heaven en avait trois. Je devais d’abord aller chercher Heaven à la crèche, puis Kayleigh à l’école. Je craignais d’être en retard. Mais finalement, Heaven jouait tranquillement à la poupée et avait bondi de joie en me voyant, et j’étais à l’école à temps pour voir une horde d’enfants sortir et Kayleigh se précipiter dans mes bras. Cédant à leur harcèlement, je finis par les emmener chez le marchand de glace pour leur en offrir. J’adorais mes petites sœurs, mes princesses. Même si nous n’avions pas la même mère, je les considérais comme mes propres sœurs. Et j’aimais passer du temps avec elles. Oui, j’aimais bien les enfants, mais ce n’était pas pour autant que j’étais prêt à devenir père. Pour moi, c’était encore trop de responsabilités, de pressions, je ne me sentais pas encore assez mature, pas à la hauteur. Mes petites sœurs, je pouvais m’en occuper quand je voulais, puis les ramener chez elles. Mais si j’avais mon propre bébé, c’était bien évidemment une autre histoire.
Je finis par ramener Kayleigh et Heaven chez notre père avant qu’il ne soit trop tard. En rentrant chez moi, je me surpris à admirer une fois de plus la beauté de Folly Beach. Depuis que j’avais emménagé ici, à l’âge de quatorze ans, je n’en étais plus jamais reparti – sauf pour des vacances. J’avais fait mes études supérieures ici. J’avais même trouvé ma moitié ici, alors que j’étais en dernière année de lycée. Elys, ma merveilleuse Elys. Nous étions mariés maintenant, et j’étais heureux avec elle. J’avais hâte de rentrer pour la retrouver. Après avoir traversé une mauvaise passe quand j’étais adolescent, j’étais maintenant beaucoup plus épanoui.