Moi c'est Cassandra et je suis sur terre depuis 19 ans. J'habite en France dans la région Aquitaine. Je serai présente 4 à 7/7 jours. J'ai trouvé le forum via bazzart et je dois dire qu'il est génial autant en apparence que grâce au contexte. Je voudrais également dire que j'ai hâte de jouer parmi vous.

« Putain, elle nous fait chier avant d'être née. » Vous l'aurez compris, ma mère était du genre très aimable. Elle avait fait plusieurs fois honte à mon père. Les gens qui nous entouraient avaient bien du mal à comprendre comment un homme aussi élégant, raffiné et soigneux pouvait fréquenter une femme pareille. Mais il fallait être réaliste : mes parents n'avaient fait un enfant que dans l'unique but de consolider leur couple. Ni l'un ni l'autre n'avait encore des sentiments. Ils étaient devenus bien trop différents. Papa s'était relativement bien intégré à ce monde huppé et friqué mais Maman ne trouverait jamais sa place ici. « Tu n'as pas honte de parler d'elle ainsi ? Il s'agit de ta fille tout de même. » « Tu parles, je n'ai fait un enfant que pour te garder sinon tu sais parfaitement que je n'en voulais pas, moi. » Et les voilà partis dans une énième dispute. A croire qu'ils n'étaient bons que pour cela tous les deux. Après cinq heures de travail en salle d'accouchement, je vis enfin le jour. « Que penserais-tu du prénom Miloë, Liz ? » Elle soupira bruyamment, montrant son désintérêt total. « Donne-lui le prénom que tu veux, cela m'est strictement égal. » Mon père ne manqua pas de soupirer avant de me prendre dans ses bras. Du haut de mes quelques minutes, j'étais incapable de comprendre ce que l'un ou l'autre disait et il faut croire que c'était préférable. Terriblement affaiblie par l'accouchement, ma mère resta plusieurs jours à la maternité. Une fois sortie, elle eut une discussion assez particulière avec mon père. « Écoute, Kaïn, je pense qu'on ne peut pas la garder. Tu as perdu ton emploi il y a peu, je ne travaille pas non plus. On a déjà du mal à s'en sortir à deux, je ne vois pas comment on ferait avec une bouche de plus à nourrir. » Mon père la dévisagea, elle ne pouvait pas avoir dit une chose pareille. Il ne voulait pas y croire. « C'est étrange mais j'ai l'impression que tu as prévu ton coup dès le départ. Tu as mené ta grossesse à terme pour quoi alors ? Pour donner naissance à un enfant que tu vas finalement abandonner ? Franchement, Lizbeth, je ne sais pas comment tu fais pour te regarder dans une glace chaque matin. » Le souci, c'était qu'elle avait raison. Ils ne vivaient pas dans un environnement sain pour un nourrisson. C'est pour cela que quelques jours plus tard, je fus apportée dans un orphelinat. C'était ma mère qui avait eu le courage de le faire en me déposant devant la porte d'entrée de l'établissement. Elle n'avait versé aucune larme alors que mon père mit beaucoup de temps à s'en remettre. Le fait est que ma mère n'avait jamais voulu de moi, elle avait simplement pensé que ce pourrait être une solution pour garder mon père auprès d'elle. Je sais cela aujourd'hui parce que j'ai pu rencontrer des gens qui les connaissaient. Ces personnes m'ont aussi apprises que mon père avait fichu le camp un peu plus tard, ne supportant plus de voir son épouse après qu'elle ait fait ça.

L'enfant fut adopté à l'âge de trois ans dans un orphelinat français et elle prit le nom de Pilar Clyde Kirby Minturn. Cela ne sonne pas très français, ce n'est pas faux mais il faut savoir que le couple qui l'a adoptée venait d'Amérique ce qui justifie ce très joli mélange de nom. Rapidement, ils déménagèrent aux États-Unis et plus précisément à Folly Beach, ville de Caroline du Sud. Les années passèrent et Pilar n'eut aucun mal à grandir au sein d'une famille unie bien que quelque peu compliquée, il faut l'avouer. Cependant, les choses devinrent un peu plus difficiles quand la jeune femme atteignit l'âge de seize ans. Ce n'était pas parce que c'était une enfant insupportable, bien au contraire. Ce fut l'année où elle apprit qu'elle avait été adoptée car elle n'en avait évidemment aucun souvenir. Deux bonnes semaines passèrent avant qu'elle ne se décide à enfin leur adresser la parole. Bien malgré elle, elle n'avait su s'empêcher de leur en vouloir. Finalement, après mûre réflexion, elle se rendit compte que nos parents sont ceux qui nous aiment et non pas ceux qui ne savent que nous abandonner. Puis, ses parents décidèrent de se séparer. Depuis quelques temps, ils n'étaient bons qu'à se disputer, se balançant insultes et critiques en face de Pilar. Il était clair que ce n'était pas une situation qui avait rendu à l'aise la jolie blonde mais elle avait pourtant dû y faire face. Refusant qu'ils se battent pour sa garde, elle décida de se faire émanciper commença alors à vivre seule et à voler de ses propres ailes. Cela était loin d'être du goût de tous mais il faut bien avouer qu'elle s'en foutait complètement. Au fait, je ne vous ai pas dit : Pilar a un grand frère prénommé Jaxhuem ainsi qu'une sœur quatre ans plus jeune que sa mère a eu avec un amant, autant dire que ça ne collait plus depuis longtemps tout ça. A dix-sept ans, un an en avance, elle entra à l'université afin de poursuivre des études de journalisme.

Souvenir : Je me souviens qu'au cours de la première année, un professeur m'avait prise à part pour me parler. J'avais cru que c'était pour des remontrances et je m'étais creusée la tête pendant une heure. Toutefois, pas moyen de trouver ce qu'il pouvait bien me reprocher. Je pensais faire tout ce qu'il fallait pour réussir. « Merci d'être restée un peu après les cours pour me rencontrer, Pilar. » Comme si j'allais me barrer alors qu'il me l'avait demandé. « Aucun problème, Monsieur Chapman. Par contre, je ne comprends pas pourquoi vous souhaitiez me voir. Ai-je fait quelque chose de mal ? » Il se mit à rire légèrement et je le regardais les yeux ronds. Qu'étais-je censée comprendre là dessous ? « Ne t'en fais pas, Pilar, tout est parfait. Je voulais te voir pour te féliciter pour ton travail et l'attention que tu portes à chacun de mes cours. J'ai lu ton dernier devoir et c'est toujours aussi bien écrit. La syntaxe, l'orthographe, cette petite touche personnelle, tu sais faire vivre tes papiers. Je ne m'en lasse jamais. » Je ne tardai pas à me sentir rougir. Jamais on ne m'avait fait de tels compliments. J'étais particulièrement ravie que mon travail lui plaise autant. « Merci beaucoup... » Il me sourit. « De rien, c'est sincère. Pilar, viendrais-tu boire un verre avec moi tout à l'heure ? On pourrait échanger nos points de vue sur des articles de presse. Puis, je pourrais te faire lire quelques trucs que j'ai écrit. » Je rêve ou mon prof me fait du rentre-dedans. J'avais toujours trouvé Monsieur Chapman attirant mais il s'agissait de mon professeur. Je n'aurais jamais osé m'imaginer quoi que ce soit puis la fille en kiffe sur son prof, c'est cul-cul. « Pourquoi pas. Au Starbucks ? » J'avais peur que ça ne lui plaise pas. « D'accord. » Je me dirigeai vers ma table, y récupérai mon livre et mon sac de cours avant de me diriger vers la porte. A peine sortie, il m'interpella. « Au fait, appelle-moi Jethro. » J'aurais pu rire face à un nom aussi étrange mais il n'en fut rien. J'esquissai un large sourire et partais au plus vite chez moi. Il fallait que je me prépare. Ce soir-là, je me mis à sortir avec mon professeur de journalisme. Notre relation a duré deux ans, jusqu'à ce que nous soyons démasqués et qu'il soit obligé de quitter Folly Beach.

Aujourd'hui, Pilar est diplômée de l'université et travaille en tant que chroniqueuse pour un journal local. Ce métier n'est pas très florissant mais cela lui plaît. Elle se dit que c'est cela le plus important.