JANIS COOPER-PRESLEY ◮ phoebe tonkin ; Des applaudissements se font entendre dans le néant total. Saccadés, comme arrachés à une pure ironie, ils résonnent, et meurent en écho. Une jeune femme, se sentant visée, tourne la tête, et tombe nez à nez avec, ce qui aurait pu étonner après tout ce qu'elle venait de traverser, un autre être humain. Après des semaines passées seule, avec sa voiture pour seule compagne, elle n'avait plus l'habitude de converser avec qui que ce soit. « Sérieusement ma belle, tu penses que tu as la carrure d'une braqueuse de station d'essence ? » Et voilà pourquoi elle avait perdu le goût du bavardage. On ne trouvait rien de mieux que de se rabaisser en ces temps. Ne prêtant pas attention à ses accusations, elle continua d'avancer, avant de lever les yeux au ciel en entendant ses pas la suivre. « Bon, je pense qu'on perdrait moins de temps si tu me disais ce que tu veux, et maintenant. » Mauvaise tactique. Le beau brun se rapprocha rapidement d'elle, effleurant ses lèvres des siennes. Le jeu venait de commencer. Et étrangement, ils restèrent proches durant une longue et belle semaine. Tous les deux des nomades solitaires endurcis, ils s'étaient laissés prendre au piège d'une douce compagnie, du jeu des deux amants. Mais Janis était une jeune femme libre, elle y tenait, ce pourquoi elle fila, sans rien dire. Laissant Lázár encore plus perdu face à lui-même.

« Bonjour monsieur, puis-je vous aider ? » Subitement, son cœur s'est arrêté de battre. Non, pas lui, pas ici, pas maintenant. Elle se doit pourtant de rester polie ; elle ne peut pas le chasser de la sorte. Alors elle lui sourit, joue les hypocrites, et son palpitant crie à la parjure. Il la regarde, ses cheveux d'un brun aussi sombre que depuis leur dernière rencontre, ses prunelles toujours aussi encrées de souvenirs plus ou moins lourds, plus ou moins légers. Son passé le suit, n'importe qui aurait pu le voir, mais il avait osé espérer que le présent de Janis était resté inchangé. Sa patronne l'appelle, et elle utilise ce fameuse "madame presley". Lázár retient son souffle. L'oiseau libre qu'il n'arrête pas, inconsciemment de pourchasser depuis presque une année, était à présent prisonnier de sa cage dorée ? Il avait du mal à l'admettre, et sentait bien que quelque part, bien au fond d'elle-même, Janis n'avait pas changé. Qu'elle restait cette fille pétillante, forte de caractère, cette fille dont il était tombé tout bêtement amoureux. Combien d'heures avaient-ils passées à se moquer ouvertement de tous ces couples qui trouvaient le bonheur en se posant ? Non, elle ne pouvait pas avoir aussi radicalement changé. Et pourtant, elle agit comme s'ils ne se connaissaient absolument pas. Pas un seul signe qui aurait pu lui donner envie de continuer. Et pourtant, Lázár est masochiste. Il ne partira pas, non, il n'en a pas envie. Il veut rester, retrouver celle qu'il a perdu, même si plusieurs obstacles se présentent à lui maintenant. Elle est mariée, dans une jolie petite famille, protégée ; elle a trouvé la tranquillité qu'il lui manquait tant. Non, il ne vient pas tout détruire. Il veut juste faire partie de son bonheur, tout simplement.