Moi c'est Marie et je suis sur terre depuis 19 ans. J'habite en France dans la région de pas loin de chez toi. Je serai présente 05/7 jours. J'ai trouvé le forum via par M'AMOUR et je dois dire qu'il est très intéressant x). Je voudrais également dire qu'on nous utilisait bon gré mal gré pour arriver sur la fin.

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[b]TROIAN BELLISARIO[/b] [color=red]◮[/color]. DELILAH J. BOWMANN

J’avais besoin de faire un point sur ma vie. Aujourd’hui semblait être le point nommé pour ça, allez savoir pourquoi. Il ne faisait pas particulièrement beau, mais le temps ne semblait pas pour autant décidé à tourner à l’orage. Ce qui, au fond, n’était pas une mauvaise chose. J’avais mis du temps à choisir mes vêtements ce matin, alors que je m’étais décidée. Y aller. Quelle belle preuve de courage là où j’avais l’impression que je n’avais que trop souvent été la lâche de service dans mon existence. Et puis finalement, voilà que maintenant je portais un simple tailleur, caché sous cette épaisse veste noire qui tombait gracieusement le long de mes jambes. Pas de quoi attirer l’attention, triste et fade comme n’importe quelle personne ici. La cérémonie ne se prêtait pas à plus de joie de toute manière. Il n’y avait pas grand monde, personne ne semblait particulièrement peiné, mais il y avait une personne qui se détachait des autres. Lui. Positionnée dans son dos, quelques mètres en arrière, je n’avais pas peur de le regarder, en espérant qu’il ne remarque pas ma présence. Pas pour le moment en tout cas. La mort, ça semblait arriver si vite. Cet homme par exemple il était mort en laissant son fils avec une vague impression qui disait qu’il le détestait et qu’il ne l’avait jamais particulièrement aimé. Et voilà que je me demandais avec quoi je mourrais, moi.

« Lilah, il est où papa ? » « Il va rentrer ne t’en fais pas. » « Quand ? » « Bientôt. Plus tard. » « Il doit m’emmener au football la semaine prochaine… » « Je t’y emmènerai. » « Mais t’es une fille… » « Et alors ? Y’a pas de fille dans ton équipe peut-être ? Papa pourra pas être là la semaine prochaine, il t’appellera sans doute mais il sera occupé. » « Il est toujours trop occupé pour s’occuper de nous. » « Dis pas ça. Mange ton petit déjeuner, on va être en retard. » Robin était le cadet de la famille, il ne comprenait pas grand-chose au mal qui bouffait mes parents depuis je ne sais combien de temps. Disputes, médicaments en tout genre pour ma mère, séjours en prison pour divers écarts de conduite pour mon père. Définitivement, les Bowmann n’étaient pas des exemples dans la ville, mais bien peu m’importait. Nous étions quatre dans cette fratrie, j’avais le malheur d’être née en aînée et de devoir assumer tous les autres. Le foyer d’accueil les attendait si mes parents venaient à trop attirer l’attention sur nous, alors je devais m’occuper des autres, rien que pour maintenir un morceau de famille, rien que pour ne jamais perdre mes petits frères et sœurs. J’avais quatorze ans à cette époque et cette maturité que j’avais du avoir très jeune, me poussait à croire que je pouvais repousser les montagnes vers des limites encore inégalées. Et puis finalement, peut-être que je me trompais. Je n’étais pas une mère après tout, mais notre mère passait sous temps endormie sous les antidépresseurs dont elle avait tant besoin pour oublier la fausse couche qui avait marqué la fin de sa maternité. Avec cet enfant, elle semblait avoir perdu tous les autres. Mes cadets n’ont jamais vraiment connu la joie d’avoir une vraie famille, tandis que moi, parfois, il m’arrive de me rappeler. A une époque j’étais une petite fille aimée, le centre d’attention de mes parents. Gamine aux couettes brunes, c’était mon père qui m’emmenait à l’école, pas besoin d’un quelconque aîné pour faire tout le boulot. Les choses ont bien changé, le couple de mes parents ne tenait plus à rien, si ce n’est aux promesses qu’ils faisaient sans cesse à leurs enfants. Voilà où ils en étaient, dispersés, déchirés par le malheur et nous au milieu.

Peut-être que c’était eux surtout, que je laisserais si je venais à disparaître. Il y avait ma sœur, Teresa, qui ne faisait pas grand-chose de mieux que moi. Elle travaillait dans une boutique avec ce qui était déjà son mari, l’homme de sa vie à ce qu’elle disait. Et bientôt un enfant. Et puis il y avait mes deux frères, Jason qui était parti loin de Folly Beach dès qu’il l’avait pu, rempli de rancoeurs à l’égard de ce qui avait été sa famille. Sans doute que je serais celle qui en payerait le plus les conséquences. Je n’ai que rarement des nouvelles de lui et qui sait, peut-être qu’un jour j’en saurais plus sur lui. Et puis il y avait Robin, qui était parti également, faire des études, il était le seul chanceux à être parvenu à avoir une bourse d’études, de quoi se lancer dans quelque chose de stable et sérieux, du moins, je l’espérais. C’était ce qu’il méritait après tout, être l’étoile parmi les ratés. Ma réussite, envers et contre tout. Un semblant de fierté dans une vie qui ne ressemblait qu’à un fiasco de A à Z. Un chemin né d'un bon paquet de mauvaises décisions.

« J’aurais pas du faire ça, pardon. » « Hum, c’est pas grave… » « Si ça l’est, j’ai un petit ami quand même. » « Ouais c’est vrai, et quel petit ami ! » « Je sais déjà ce que tu penses de lui, mais sache qu’il a beaucoup changé depuis le lycée. » « Ha oui ? Il ne tape plus les gens sans raison ? » « Nan. » « Heureusement… Inquiètes toi le jour où il commence à te taper dessus ! » « Max ! » «Quoi ? » « Tu ne connais plus personne ! Tu n’as pas remis les pieds en ville depuis des années, tu ne prends même pas le temps de prendre des nouvelles de ton père ! Tous ces gens ne sont plus que des inconnus pour toi ! Cesse de les juger bêtement ! » « J’ai gardé de trop mauvais souvenirs de ces gens, eux ils m’ont jugé quand j’étais gamin alors j’ai le droit de faire pareil ! » « Vive la maturité ! C’est pas parce que t’es un gars super intelligent que tu vaux mieux que les autres ! » « J’ai jamais dit ça ! » « Mais tu le penses ! » « Peut-être oui ! Mais je vaux mieux que lui c’est un fait et tu le sais ! » « N’importe quoi ! » « Tu viens de m’embrasser ! » « C’était une erreur ! D’ailleurs, je la rectifie de suite ! Je pars ! » « Lilah attend ! » « Non, Adieu Max, puisque je ne te reverrai plus jamais à Folly Beach et que je ne viendrai plus te voir ici ! » « Tu peux pas faire ça ! Lilah ! » L’erreur c’était peut-être d’être partie. Mais je le détestais tellement, tellement d’avoir pu partir de Folly Beach là où je n’en avais ni le courage, ni la possibilité. Il s’en fichait de moi, de toutes ces années que nous avions pu connaître tous les deux, c’était ce que j’avais l’impression de ressentir à cet instant précis, alors que je quittais son appartement à toute allure, honteuse et rageuse à la fois. Envers lui ? Envers moi ? J’avais l’impression à cette époque de faire tellement d’erreurs et tellement de faux pas dans ma vie que je ne savais pas vraiment lequel des deux était le plus à blâmer. Chaque jour passant à Folly Beach n’était qu’un jour où la présence de Maximilian me manquait plus encore que les jours précédents et pourtant, alors que je l’avais retrouvé là… Je ne le connaissais plus. Il ne me connaissait plus et il ne connaissait plus Folly Beach. Pire, il donnait l’impression de refouler tout ce passé, ce passé fait de malheurs certes, mais ce passé dont je faisais partie. Il semblait mieux pour moi de partir, quitter cette vie et cet étranger auprès desquels je n’avais pas de place. Mon petit ami n’était certes pas des plus admirables, mais il pensait à moi au moins, d’une certaine manière et quand il en avait besoin peut-être, mais avec lui au moins, je me sentais importante. A une époque je m’étais sentie importante auprès de Max, et puis ce soir là, dans ce baiser, j’avais presque senti le vide qui s’était creusé entre nous, et ça avait fait trop mal pour que je l’affronte.

« Toutes mes condoléances. » « Merci. » « Au fond, ça te fait quelque chose d’enterrer ton père ? » « Est-ce que ça fait de moi un connard si je dis que non ? » « Un peu oui… » « Je suis un connard alors… » « Tout le monde l’est un peu je crois. » « ]Sûrement oui… Toi ça va ? » « Ouais… ça peut aller. » « Tant mieux alors… Toujours avec ? » « Nan nan. C’est fini, il était trop … Enfin tu sais… » « Trop lui-même… » « Ouais. Bon… ça m’a fait plaisir de te revoir. Bonne chance pour la suite… » « Merci… » J’avais osé aller vers lui et je repartais avec la tête pleine d’amertume. Nous nous étions désormais totalement perdus, séparés par le temps, par les différences et par cette dispute qui nous avait déchirés. Peut-être que cette situation n’était due qu’à moi-même et à ce sale caractère que j’avais eu cette fois-là où je l’avais embrassé. Mais je ne regrettais pas ma décision. Ou peut-être que si, mais dans ma vie actuelle, je ne prenais jamais le temps de me retourner sur la question. Pas envie de me pencher sur une hypothétique vie que j’aurais pu choisir avec lui, ou avec cette potentielle amitié qu’il pourrait y avoir encore entre nous. Que de la foutaise, puisque les relations à distance ne marchaient jamais vraiment. J’avais su retrouver une part de soleil là où Max avait laissé un vide, et pourtant le voir ici aujourd’hui faisait naître ces vieilleries à nouveau. Que faire ? Que dire ? Se retourner sur le passé, ce passé qui me pesait de tous les côtés, qui me hurlait de rattraper le temps perdu, ou le laisser filer une nouvelle fois ? Après tout, la première chose qu’il ferait sans doute, ce serait quitter Folly Beach à toute allure alors pourquoi est-ce que je devrais le retenir ?