Je n’aimais pas trop me balader à pied. J’avais pris l’habitude d’utiliser les transports en commun ou tout simplement ma voiture étant donné qu’en Amérique les jeunes peuvent conduire à partir de 16 ans. Mais il fallait que je prenne l’air avant d’aller « chercher » Narcisse. Je n’avais pas l’intention d’avoir l’air complètement défoncé si jamais je tombais sur son frère ou sa sœur. De temps à autre je m’arrêtais pour me regarder dans une vitrine de magasin. C’était assez étrange mais j’avais envie d’être un minimum présentable au cas où … Ce n’était pas pour Narcisse, loin de là, puisqu’il m’avait vu dans les pires moments de mon existence depuis maintenant 2 ans, mais bel et bien parce que je ne voulais paraitre totalement négligé si je tombais sur Will ou Mina-Lys. J’avais une chance sur trois que ce soit l’un des deux. Dans le meilleur des cas évidemment, je tombais directement sur Narcisse et nous partirons comme des voleurs fumer notre joint et surement coucher ensemble. Dans le pire des cas, je tombais sur Will ou Mina-Lys face à qui j’allais avoir droit à un sourire mauvais et a une panoplie de question auxquelles je n’avais pas envie de répondre.

Je n’avais jamais été super fan des questionnaires concernant ma vie. Livrer mon passé à des inconnus n’était pas dans mes habitudes. Et si au bout de deux ans ou un et demi que je fréquentais leur frère, Will ou Mina-Lyss n’était plus tellement des inconnus je ne voulais pas parler avec eux de ma vie. De mon passé. Puisque ma vie, ils savaient très bien à quoi elle se résumait. Du moins, ils pensaient le savoir. De plus, ils n’avaient jamais manifesté l’envie d’en savoir plus sur moi, pourquoi aurais-je fait l’effort de venir leur parler du pourquoi du comment j’étais comme ça. Narcisse était au courant, bien évidemment, mais je lui avais fais jurer de ne pas en parler. C’était l’une des rares personnes de Folly Beach à connaitre les vrais raisons du choix de ma nouvelle vie.

Je lissais ma robe à rayure marron et grise avant de frapper à la porte. Un mélange d’appréhension et de doute se mêlant au creux de mon ventre. Il n’y avait rien de plus stupide que d’être stressé à l’idée de tomber sur le frère ou la sœur de Narcisse après tout. Si je n’avais pas l’intention de frapper dans quelques secondes, j’aurais pris un nouveau joint. Je me contentais d’une cigarette normale. Le paquet que j’avais dans mon sac à main à frange commençait à faire la gueule, mais si j’avais besoin d’un minimum de courage, il était là ! Je tirais quelques taffes dessus avant de finalement me décider à frapper à la porte. J’entendis quelques pas derrière la porte que je croisais discrètement les doigts pour que ce soit Narcisse. Je me tins sur mes gardes, prête à lui sauter dessus lorsqu’il ouvrirait la porte. J’étais d’humeur câline et il aurait beaucoup de chance s’il ouvrait la porte. Je me doutais que Narcisse souffrait de mes fréquents changements d’attitude vis à vie de notre relation, cependant il ne prononçait jamais un mot là-dessus. Je dû me retenir de toutes mes forces lorsqu’apparu sur le pas de la porte l’ainé des Sullivan. Je n’étais plus stressée maintenant que la nicotine agissait sur mon organisme, mais j’appréhendais tout de même l’échange qui allait suivre. Je n’avais jamais vraiment discuté avec Will étant donné que j’avais toujours eu peur du regard qu’il avait de moi. Je savais que selon lui j’étais la faute de tout les maux de Narcisse et le pire c’était que j’étais totalement d’accord avec lui. Narcisse ne méritait pas d’avoir une vie aussi pourri que la mienne. Pourtant je l’attirais au fond du trou avec moi. Et il se laissait faire, comme un gamin bien heureux du sort que lui réserve la vie. « Bonsoir. Est-ce que Narcisse est là ? » J’essayais de paraître la plus polie possible. Pas pour faire bonne impression, cela faisait longtemps que l’opinion que Will avait de moi était fait mais je me disais simplement que si j’étais polie et gentille, il voudrait bien me dire si Narcisse était là. Je le pensais capable de tout pour nous empêcher de nous voir Narcisse et moi et cacher sa présence n’était pas une idée à écarter. Je savais ce qu’il voyait face à lui. Mon regard dont les pupilles dilatées le fixé en cillant de temps à autre. Beaucoup plus souvent que lui, j’étais une fille, c’était normal.